Les lycéens français et canadiens se filment pour raconter un événement familial durant la Seconde Guerre mondiale

Les lycéens français et canadiens se filment pour raconter un événement familial durant la Seconde Guerre mondiale

Le 19 août 1942, une tentative de débarquement des alliés à Dieppe se soldait par un échec et la mort de plus de 1 200 soldats dont 900 Canadiens. À partir de ce drame, les lycéens de 1re à Lure ont bâti un projet de vidéos avec des élèves canadiens. Pour ne pas oublier.

Mehdi Haciane – 23 févr. 2025

Le professeur d’histoire Fabrice Barassi-Zamochnikoff est satisfait des vidéos réalisées autour de la Seconde Guerre mondiale par ses élèves de 1ʳᵉ générale.  Photo Mehdi Haciane

« Le point de départ, c’est le débarquement à Dieppe 1942, une histoire méconnue de la Seconde Guerre mondiale », explique Fabrice Barassi-Zamochnikoff, professeur d’histoire au lycée Georges-Colomb de Lure. Le 19 août 1942, le raid des alliés sur le port de Normandie a tourné au drame. L’échec de l’opération Jubilee a fait 1 200 morts, dont 900 Canadiens. À partir de ce fait historique, l’enseignant a initié, avec sa classe de 1re et des élèves canadiens, un projet commun autour de la période 1939-1945.

« Le résultat est bluffant »

Des deux côtés de l’Atlantique, les élèves se sont filmés en racontant un évènement familial lié à cette période. « Les élèves français et canadiens ont réalisé une courte vidéo et le résultat est bluffant », souligne l’enseignant luron. Ces vidéos ont fait jaillir des souvenirs enfouis dans les mémoires.

Comme dans cette boîte où Marion Geny, âgée de 16 ans, a trouvé un ticket de rationnement ayant appartenu à un membre de sa famille. « C’était une période difficile où l’on ne mangeait pas à sa faim. C’est difficile de le concevoir aujourd’hui », dit-elle.

« Mon arrière-grand-père était conducteur de trains. Sa locomotive a explosé en marche. Les rails étaient minés »

Marius Fauconnier a découvert l’histoire de son arrière-grand-père. « Il était emprisonné au Struthof [camp de concentration nazi en Alsace, NDLR] et a réussi à s’enfuir. Je ressens une immense fierté. Il fallait faire preuve d’un immense courage », confie, ému, l’adolescent. Gabin Rousseau, lui, a mis en lumière une lampe de cheminot, pour relater un tragique souvenir. « C’est un hommage à mon arrière-grand-père, conducteur de trains. Sa locomotive a explosé en marche. Les rails étaient minés par des explosifs. »

Mise en scène

« Les Français ont plus joué de la voix off. Les Canadiens, eux, se sont mis en scène en se filmant », détaille le professeur. À l’image de ce jeune traversant une pelouse, bandeau sur la tête, béquille en bois, mimant un combattant canadien lourdement blessé des suites du raid meurtrier sur Dieppe en 1942. « La collaboration avec nos confrères canadiens a été fructueuse malgré des soucis techniques liés à la distance », note Fabrice Barassi-Zamochnikoff en souriant. Comme le jour de la restitution où la visioconférence n’a pas fonctionné